Des agents canadiens français dans la Résistance (partie 2)

Jeanne Krieber-Dion

Alors que l’aviation alliée fait de plus en plus de raids dans l’Europe occupée par les Nazis, le cas des aviateurs tombés en territoire ennemi cause problème. Leur formation dure deux ans et coûte près de 30 000 dollars. Les Alliés ne peuvent se résoudre à les abandonner en territoire ennemi. Le gouvernement anglais crée donc le MI9, un département militaire qui doit récupérer les aviateurs abattus en Europe et organiser leur retour en Angleterre grâce à plusieurs filières d’évasion des réseaux de résistance.

La principale route traverse les Pyrénées pour ensuite atteindre Gibraltar. De là, des navires britanniques rapatrient les aviateurs en Grande-Bretagne. Une mission dangereuse étant donné l’étendue du territoire à parcourir et le nombre de gens impliqués. Il serait plus rapide et moins risqué de traverser la Manche.

L’officier Lucien Dumais, capturé par l’armée allemande lors du raid de Dieppe, réussit à s’échapper grâce à ce réseau d’évasion. Raymond Labrosse a tout juste 18 ans lorsqu’il est recruté comme opérateur radio francophone par le MI9. Tous deux Canadiens français, leur grand atout est de pouvoir passer inaperçus dans la France occupée, et ainsi établir l’opération Bonaparte, pièce maîtresse du réseau Shelburn. Leur objectif : récupérer les aviateurs alliés abattus en France et les acheminer en Bretagne d’où ils partiront pour l’Angleterre.

Ils s’organisent pour que les aviateurs arrivent à Paris, à la gare Montparnasse. À partir de là, des accompagnateurs, sorte d’anges gardiens, s’assurent de leur faire adopter le comportement de l’ouvrier français afin de se fondre dans la foule française. Tous s’embarquent alors vers la Bretagne où une vaste équipe clandestine s’affaire à les loger, les habiller, les nourrir et les soigner. La destination finale, en Bretagne, se situe sur la plage de Plouha, renommée la plage Bonaparte, dans la maison de Marie et Jean Guicquel, dite la maison d’Alphonse. Une fois prêts à s’évader, un agent du MI9 envoie le message suivant : « Bonjour tout le monde à la maison d’Alphonse. » Les navettes britanniques cachées à proximité de la côte s’approchent alors et embarquent les rescapés pour un trajet de 140 km vers l’Angleterre.

En moins de huit mois, de janvier à juillet 1944, huit expéditions portent secours à 135 aviateurs alliés. Tous s’échappent, c’est un score parfait.

Le Kiosque a publié :

Des agents canadiens-français dans la Résistance (1)

Pour en savoir plus…

Des agents canadiens dans la résistance

Lucien Dumais, le plus célèbre des agents secrets canadiens-français. Les soldats de l’ombre (2)

Lucien Dumais. Un Canadien français face à la Gestapo. Montréal, Éditions du Jour, 1970. 280 pages.

Roy Maclaren. Derrière les lignes ennemies : les agents secrets canadiens durant la Seconde Guerre mondiale; traduit de l’anglais par Pierre R. Desrosiers. Montréal, Lux, 2002. 386 pages.